Comment jouer aigu à la trompette

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Vous jouez de la trompette depuis quelques mois et vous avez quelques morceaux dans votre registre. Malheureusement, le morceau que vous avez toujours voulu jouer est trop aigu pour vous et vous n’arrivez pas à faire sonner votre trompette correctement. Vous jouez poussée ou trop bas, vous êtes au bon endroit pour avoir des conseils.

Avant de commencer dans les détails, je remercie Monsieur Stephane Rollin qui m’a fourni l’étude de Valérie Anger-Moreau de l’université de Laval (Québec) : « La trompette et le registre aigu ». Vous pouvez retrouver des vidéos de Stéphane sur Facebook ou YouTube.

Valérie Angers Moreau en quelques mots

Je vous parle d’une méthode pour travailler l’aigu, mais pourquoi cette méthode serait mieux qu’une autre ? Qui est l’auteur de cette étude et en quoi peut-elle être légitime ?

Valérie Angers Moreau est une trompettiste québécoise, diplômée de l’université de Laval au Québec depuis 2011. Elle est membre de l’en-
semble Vent et Percussion de Québec comme trompettiste et travaille sur d’autres projets comme chanteuse. Elle est également professeur de musique.

Partie 1 : Connaitre le fonctionnement de sa trompette et de son corps

Comment inspirer

Je ne sais pas si vous avez déjà fait du tir (pistolet, fusil, arc…), mais je trouve qu’il y a des similitudes avec la musique. Je m’explique. J’ai fait du tir à l’arc pendant quelques années et avant de lâcher une flèche, il y a ce qu’on appelle la séquence de tir. Une séquence de tir est un enchaînement de petites choses simples à exécuter avant de libérer la flèche. Pour la musique, il faut faire la même chose avant de libérer la note.

La première chose à travailler est sa position. Il faut se tenir bien droit pour que l’air soit le chemin le plus simple et efficace avant de passer dans la trompette. Si vous êtes debout, positionnez votre poids sur vos deux pieds, le torse bien droit. On évite d’être avachie. Si vous êtes assis, le principe est le même, il faut être bien installé sur ses deux ischions.

Une fois que vous êtes installé, vous pouvez commencer votre séquence.

1. Posez votre embouchure sur vos lèvres
2. Inspirez profondément
3. Mettez sous pression l’air emmagasiné

Voilà votre séquence peut-être aussi simple que ça.

Inspirez profondément, c’est vague. Je vais expliquer ce que j’entends par là. Il faut travailler sa respiration abdominale, celle que vous aviez naturellement quand vous étiez enfant, celle que vous utilisez en dormant. Elle permet de remplir complètement ses poumons sans bloquer l’air dans la gorge.

C’est aussi la respiration utilisée dans la méditation, si certains d’entre vous méditent. On inspire par la bouche, en ouvrant sa gorge et en se concentrant sur sa ceinture abdominale. Ce type d’inspiration est le même que lorsque vous bâillez, essayer de vous forcer à bâiller et l’inspiration avant le bâillement doit être le même que celui utilisé ici.

Petite astuce : l’inspiration abdominale est instinctive. Si vous retenez votre respiration le plus longtemps possible, lorsque vous allez inspirer pour la première fois, c’est de la façon souhaitée.

l’expiration

Vous voilà prêt à expirer tout l’air de vos poumons, vous allez bientôt sortir votre note.  Mais comment faire pour avoir un son propre ? La première chose à faire est de ne pas forcer sur les lèvres. Les seuls muscles qui doivent travailler sont la ceinture abdominale et ceux du masque facial. Oubliez la trace de l’embouchure sur les lèvres, si vous en avez une c’est que vous n’avez pas la bonne méthode. Vous devriez être capable de jouer de la trompette en la posant seulement sur un doigt de chaque main, à la rigueur entre deux doigts.

Ensuite, pour expulser l’air de la bonne manière, imaginez un tube de dentifrice presque vide. L’extrémité d’où sort le dentifrice représente vos lèvres. Elles restent fixes, toujours positionnées de la même manière et sans avoir de pression dessus. Votre colonne d’air est représentée par le tube. Vous videz le bas en repliant afin de toujours garder une pression élevée à l’intérieur du tube.

Comment cela se traduit dans votre posture ?

Tous vos muscles faciaux se contractent. Votre gorge reste détendue et ouverte, comme si vous étiez en train de bâiller sans ouvrir grand la bouche afin d’avoir de la vitesse d’air. Imaginez un tuyau d’arrosage dont le bout serait pincé. À débit constant, l’eau sortirait plus vite et irait plus loin. Le principe à la trompette est le même. Il faut avoir un gros débit d’air qui s’évade par un petit trou entre les lèvres. En soufflant comme pour dire « Tu », vous dirigerez l’air vers la trompette, ce qui vous permettra d’avoir un son clair et cuivré.

Vous devriez sentir votre ventre se contracter, votre dos se courber de plus en plus. Un peu comme si votre torse était en train d’imploser. À ce niveau-là, vous devriez sentir vos abdominaux travailler et sentir les muscles près des reins travailler.

Attention, ce sont les seuls muscles du corps qui doivent travailler. Vous devez être détendu partout ailleurs.

Le positionnement de la langue

Le placement de la langue est aussi important pour travailler la hauteur de note. Quand vous prononcez les sons A et I, la langue se place différemment. C’est ce placement de langue qui va vous permettre de jouer les différentes hauteurs de notes. Pour une note aiguë, vous allez avoir une position de langue comme pour prononcer le I. Pour une note grave, la langue sera comme pour le A. enchaînez les sons A et I en vous concentrant sur ce mouvement de langue. Il faudra faire le même lorsque vous serez en train de jouer. Rapprocher la langue du palais en gardant son extrémité proche des dents du bas permet d’accélérer la vitesse d’air. Et cela vous permet de monter dans les aigus.

Le positionnement des lèvres et de l’embouchure

Pour les lèvres, il n’est pas vraiment nécessaire de se concentrer sur leur position. Si les points précédents sont exécutés correctement, votre placement et la vibration de lèvres seront naturels. Il n’est pas non plus nécessaire de travailler la musculation des lèvres, car les muscles utilisés pour le placement et le maintien sont les muscles placés autour de la bouche (le masque). Plus votre musculature du masque sera développée plus vous pourrez jouer longtemps et dans les aigus.

Pour placer vos lèvres de la bonne manière, imaginez que vous vouliez cracher un cheveu qui se trouve sur le bout de votre langue. Normalement vous devriez tirer sur vos zygomatiques, mais pas autant que pour sourire. Votre embouchure doit être posée au centre de vos lèvres. Attention à exercer une pression assez forte pour ne pas avoir de fuite d’air lorsque vous soufflez, mais pas trop forte, ce qui empêcherait vos lèvres de vibrer.

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Partie 2 : Quelques exercices pour travailler le registre aigu

Votre méthode de travail

Le point le plus important quand vous travaillez, celui que vous devez respecter, quel que soit votre forme mentale ou physique, c’est que tous les points que vous avez déjà travaillés et mis en place précédemment doivent rester. Pour faire simple, si vous avez travaillé et mis en place votre respiration, les fois suivantes vous devez impérativement continuer à avoir une bonne respiration. Aucun retour arrière ne doit être toléré. Si vous êtes fatigué, il vaut mieux garder ce qui a déjà été travaillé sans ajouter de nouvelles choses plutôt que d’en ajouter et de négliger d’anciens points.

Afin d’avoir une séance de travail efficace, il ne faut pas jouer sans faire de pause. La trompette est un instrument physique et si vous jouez trop longtemps d’affilé vous pouvez vous abîmer les lèvres. Vous devez donc travailler par petits blocs. Deux ou trois blocs de 30 minutes avec une pause entrent chaque, selon le temps que vous avez pour jouer. Si vous n’avez pas 1h tous les jours, il vaut mieux jouer 10 min tous les jours plutôt qu’une heure le weekend. Le travail régulier est plus efficace.

L’ordre des exercices dans les blocs doit être réparti de la façon suivante :

1. La chauffe
2. Les exercices techniques difficiles physiquement (flexibilité, morceau…)
3. Des exercices moins éprouvants (travail de doigté, nuance…)

La chauffe

Tous les muscles ont besoin d’une période de chauffe avant de pouvoir être sollicités pendant un long moment. Il est donc indispensable de ne pas négliger la partie chauffe lors de votre séance de travail. Vous pouvez allez voir l’article dédié aux exercices de chauffe, mais l’essentiel à savoir est qu’il faut que ce soit des exercices simples techniquement afin de pouvoir vous concentrer sur la mise en place de tous les points de la première partie de cet article.

Les moments de pause dans une répétition

Contrairement à une idée reçue, le muscle ne se renforce pas pendant le travail, mais pendant la période de repos entre deux phases de travail. C’est pour cela qu’il est important de prévoir des phases de repos pendant vos répétitions. Par exemple, vous sur une séance d’une heure, il est préférable d’avoir environ 20 min de repos réparties sur toute la séance.

Sur le long terme, il est parfois utile de faire une pause de quelques jours sur un exercice précis lorsqu’on arrive à un palier. Par exemple, si après quelques jours d’entrainement vous arrivez à sortir votre contre Ut mais que vous n’arrivez pas à aller plus dans l’aigu, il peut être bénéfique d’arrêter pendant quelques jours et de travailler quelques choses de moins éprouvant physiquement pendant quelque temps et de recommencer plus tard.

Les harmoniques et les chromatismes

Les deux types d’exercices qui vous permettront de travailler l’aigu sont les harmoniques et les chromatismes. Ce sont aussi des exercices de chauffe, mais une fois que vous avez fini votre chauffe et que vous souhaitez travailler l’aigu, vous pouvez refaire le même exercice en essayant de monter sur une harmonique plus aiguë que d’habitude. Si vous y arrivez facilement vous montez encore. Vous pouvez utiliser le même principe sur les gammes chromatiques.

Pour travailler l’aigu sur d’autres types d’exercices, prenez un exercice classique d’une méthode comme Arban par exemple qui monte jusqu’au Do par exemple. Et jouez-le en montant d’une octave. Une fois que vous maîtrisez l’exercice sur les deux octaves différentes, vous pouvez vous lancer dans un autre exercice. Travaillez aussi un morceau une octave plus haute.

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Partie 3 : Quelques problèmes que vous pourriez rencontrer

Vous avez un mauvais placement de lèvres

Il est possible que vos lèvres soient mal placées. La lèvre inférieure trop vers l’intérieur, pas assez ferme dans les coins, trop relâchés. Pensez à travailler devant un miroir afin de vous observer.

Votre langue ne se place pas correctement

Pour travailler le placement de la langue, vous pouvez enchaîner les voyelles A et I en vous concentrant sur le mouvement de vôtre langue. Vous pouvez aussi siffler le son d’une sirène. Essayez de faire la même chose à la trompette.

Votre souffle semble haché à chaque note

Sifflez une mélodie connue, ou une partie de votre exercice en vous concentrant sur le débit d’air. Il doit rester constant et ne pas être coupé. Comme de l’eau sortant du robinet.

Votre gorge se bloque, le son devient étroit et coincé

Travailler votre exercice en chantant. Placez vos mains sur votre gorge pour sentir les mouvements. Si vous sentez vos muscles sous la mâchoire se contracter vers l’arrière, c’est que vous bloquez votre gorge.

Conclusion

En conclusion je pourrai vous dire qu’il faut surtout travailler sa technique pour avoir une bonne respiration et un bon placement. Il faut avoir une bonne connaissance de son corps et de son fonctionnement lorsque l’on joue de la trompette. Pour jouer aigu, il faut avoir une bonne pression d’air, ne pas exercer de pression excessive  sur les lèvres, avoir un bon placement des lèvres et de la langue. Mais tous ces points doivent aussi être présents lorsque vous jouez une note grave.

La meilleure façon de progresser reste évidemment de prendre des cours avec un professionnel afin d’être guidé dans votre progression selon vos spécialités.

Dite moi en commentaire si vous avez d’autre méthode de travail pour l’aigu.